PIERRE LA DAUBE ET MOI

Mes amis m’ont poussée à participer à un concours de recette organisé par Cagadezur.

Ayant perdu un pari, je dois y aller. Et quand faut y aller, faut y aller !

Pourtant, je ne suis pas douée pour la cuisine et très maladroite.

Je monte sur l’estrade dressé sur la Prom, vêtue de rouge et blanc, à la niçoise, un chapeau en forme d’aigle sur la tête.

Je prends une rasade de rosé, et me lance :

Je propose une daube d’ici et d’ailleurs.  Et J’appelle un ami :

-Allo, Pierre (je lève les yeux au ciel) aide-moi, S.T.P.

-Bien sûr, ma belle, répond Pierre du Dac au Dac. Je te souffle.

Je verse dans une petite casserole de l’eau d’ici et j’ajoute de l’au-delà.

Je mets sur le feu ; je rajoute de l’esprit de sel : en cuisine fine, les nourritures terrestres

Peuvent être également spirituelles.

Je rajoute un peu d’huile, et ça pétille en bulles et en étoiles.

Le rosé me monte à la tête, je ris entre deux mots.

Je saisis un morceau de bœuf, de l’aloyau :la viande la plus loyale, qui porte le nom de la loi qui en a ordonné l’appellation et détermine la situation qu’elle occupe dans le bœuf.

Je coupe le bœuf en dés non pipés, y adjoints les épices venues d’orient : curcuma, cannelle, poivre, , paprika ,et des pruneaux et des amandes.

Je noie mon bouillon par un vin rouge gouleyant dans une grande casserole, fais revenir l’ensemble, indispensable, les aliments mal revenus font les repas mal partis.

Je viens m’occuper des carottes, ne pas confondre avec les habitants du Caire, les cayrotes.

Je mêle avec respect le tout.

Y adjoindrai-je un jaune d’œuf ? Il m’échappe, je jongle avec lui, têtu, ce jaune, tel Jonas dans la baleine.

Je glisse sur une mer d’huile à mes pieds et tombe.

Trois zigotos rigolent, un moustachu fumant le cigare, deux musiciens qui se prennent par le coude

Et dansent en concert. Ls ressemblent aux frères Marx.

Je me relève gauchement, normale en tant que gauchère.

Pierre, aussi, se marre :

-quarante siècles de pot au feu égyptien te regardent du haut de leurs pyramides de viande et de légumes pharaoniques. Nique- les …

Des touristes en goguette applaudissent, c’est le but du jeu, après tout !

Je salue la foule, les trois zigotos m’ovationnent, Pierre conclue :

-Voilà, c’est tout ; et maintenant, bon appétit, bonne dégustation, bonne appréciation et bonne digestion de ce plat d’exception.

Les touristes goûtent mon plat avec des miam, des waouw et autres onomatopées.

Eh oui, j’ai gagné. Merci, Pierre, tu es le meilleur !

-Pour conclure et d’où je suis, au purgatoire des amuseurs, je peux affirmer que nous aimons rire, boire, chanter et festoyer ; nous prenons plaisir à vous voir et vous entendre.

Je salue et j’entreprends de descendre de l’estrade, distraite, je rate une marche et m’affale, confuse, sur Le sol de la Promenade.

 Du ciel descend un éclat de rire. C’est l’ami Pierre.