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14 Feb

JOUR DE PÂQUES

Publié par Mado  - Catégories :  #Atelier, #Mado

Partie de cache-cache au parc  -  Paul-Michel Dupuy

Partie de cache-cache au parc - Paul-Michel Dupuy

Gairaut, jour de Pâques, avec frère, sœur, cousines, cousins pour un repas de famille chez tatas et tontons, métayers du comte de Blanchetti…

J’ai six ans, huit ans, dix ans, je ne sais pas…

Les tatas et tontons vivent dans un ancien moulin sur la propriété comtale. On y pénètre par un escalier et on se retrouve dans une pièce toute ronde, avec des bancs qui épousent le mur circulaire. A l’intérieur, c’est sombre ; je ne me souviens plus très bien de la fenêtre.. elle ne devait pas laisser passer beaucoup de lumière…

Mais c’est dehors que ça se passe.

 

La table est dressée sous une tonnelle. Devant la tonnelle, un grand pré bordé d’arbres. Cachés dans l’herbe du pré, les œufs en chocolat. Une tata nous équipe de petits paniers d’osier et donne le signal du départ.

On s’éparpille, on cherche, on furète, on explore, on surveille les autres du coin de l’œil. On rie, on crie, on s’appelle.. Tu en as trouvé ? Y en a plein ici, viens ! Le panier se remplit d’œufs dorés, métallisés, multicolores. La chasse terminée, on s’assoit dans l’herbe tendre, serrés les uns contre les autres, comme une portée de chiots. Adossés au tronc d’un olivier, on compte, on compare, on commente nos trésors. On en déguste un ou deux, le regard perdu sur le paysage de collines et restanques, avec la ville en bas et la mer qui rejoint le ciel. Le chocolat fond sur la langue, libérant son goût divin, les joues se gonflent d’onctuosité crémeuse et sucrée… on savoure.. On savoure les friandises, l’enfance, la beauté tranquille, la famille qui bavarde sous la tonnelle, l’instant précieux, la vie heureuse…

 

Derrière nous, ça s’affaire. La table est mise, les bouteilles de vin rouge, les carafes d’eau, les miches de pain balisent la nappe blanche comme des bornes indiquant le bon repas qui vient.

Nous voilà à présent sagement installés devant nos assiettes. Les adultes parlent fort, s’interpellent, rient, mangent, boivent. Brouhaha,m bonne humeur. Au dessert, les hommes chantent des chansons piémontaises. Leurs voix graves, pleines, puissantes emplissent tout l’espace, rebondissent sur la tonnelle, me pénètrent jusqu’au cœur. C’est si beau que j’ai envie de pleurer..

Puis, on repart jouer, courir, faire des cabrioles dans l’herbe, manger des chocolats avant de repartir, repus et épuisés, à la tombée du soir pour s’endormir dans l’auto des papas qui nous ramène à la maison.

 

Aujourd’hui, mes souvenirs de ce temps se fractionnent. Il ne m’en reste que quelques bribes. Cet endroit merveilleux n’existe plus. J’aurais dû être plus attentive, emmagasiner plus de détails, mais à dix ans, on croit que les choses sont immuables, qu’on peut les retrouver dès qu’on le désire. Et on laisse passer le temps en se disant demain, plus tard, un jour.. et les choses ont disparu. Il ne me reste que cette sensation de parenthèse enchantée un peu magique, une immense tendresse pour ces tontons-tatas disparus et une grosse bouffée de nostalgie.

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