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11 May

FEMME QUI TIRE SON BAS TOULOUSE-LAUTREC – 1894

Publié par Josiane  - Catégories :  #Atelier, #Josiane

Très cher Henri,

 

 

Te souviens-tu de moi ? Je suis Lola, la petite rousse           

endiablée, danseuse de French Cancan du Cabaret de Montmartre que tu affectionnais particulièrement.

Tu t’es inspiré de notre liaison pour mettre en œuvre ton talent et me rendre célèbre dans un tableau intitulé : « Femme tirant son bas ».

Fière d’avoir été ta muse, je t’avoue aujourd’hui que j’aurais aimé avoir un croquis plus élaboré de ma personne. Ma nudité a ravi plus d’un gentilhomme de l’époque, jaloux, tu en a été le favori durant longtemps.

La silhouette du tableau évoque ton amour du corps de la femme, celui que tu aimais photographier en mouvement, sans aucune note d’érotisme.

Devant ton chevalet, tu aurais pu te souvenir de notre première rencontre dans ma loge.

 

Afin de te séduire, j’avais revêtu un déshabillé soyeux, plein de promesses et un long foulard de soie bleue assorti à mes yeux. Ma chevelure flamboyante était négligemment relevée sur ma tête, ce qui selon tes dires, me donnait un air de franche liberté.

Tu m’avais murmuré que la couleur rose sur mes joues et charbonneux autour des yeux me donnait un visage de poupée de porcelaine, que tu avais envie d’embrasser délicatement de peur de la casser.

J’avais vingt ans ! Sur la scène, en dansant je t’avais très vite remarqué. D’une part par ta petite taille mais surtout par le regard tendre, presque innocent que tu posais sur moi. J’étais déstabilisée par ton comportement proche de l’adolescence.

Un contraste évident avec ces vieux bourgeois délaissés, aux paroles grivoises, qui n’attendaient que les voluptés somptueuses accordés par nous les courtisanes.

Ta manière de jouer du bout du pinceau a fait de toi un peintre reconnu. Pourquoi donc as-tu coupé mes jambes à mi-mollet, mes bras évoqués d’un trait inachevé et dissimuler mes mains, celles qui caressaient ton corps, avant l’étreinte jusqu’à l’extase !

Accorde-moi donc une faveur, celle de reprendre ta palette, ton pinceau et tracer d’un geste précis les qualités de mon corps que tu ne te lassais pas de caresser de ta bouche et de tes mains.

Garde la vision de mes formes, de ma peau blanche, de ma sensualité sous le reflet de la lumière qui brillait tel un appel.
Habille-moi de voiles transparents, audacieux mais élégants. Pour te plaire, j’enfilerai une paire de bas noirs, avec cette délicieuse lenteur qui caractérise les femmes qui désirent conduire l’homme vers quelques plaisirs.

Merci Henri, je serai la libertine la plus heureuse.

 

JM

 

 

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